Raymond n'avait pas de corne de brume pour prévenir qui que se soit, et le conducteur du pousseur ne pouvait pas voir notre bateau qui était bien en dessous de son champ de vision.
Raymond me dit "sauter, c'est votre dernière chance" et il plongea. Quand à Renaud j'entendis juste un "Plouf". Je me suis dit, " il m'a abandonné ! il a sauté le premier".
Après se fut le tour du photographe qui sauta avec tous ces appareils autour du cou, qu'il fut obligé de lâcher plus tard. J'étais la dernière sur le bateau qui commençait à tanguer sérieusement.
En cinq secondes, je calculai qu'il fallait que je plonge le plus près possible de l'extérieur de la barge et le plus loin possible des énormes hélices du pousseur qui entrainait le convoi. Quand je fus dans l'eau, qui ne faisait que 9°, le poids de mes vêtements et de mes bottes m'entrainaient au fond, et quand je fus remonté à la surface, j'étais encore sous la barge mais à la lisière de celle-ci. Je ne le voyais pas, l'eau était trop opaque. Les yeux grand ouverts, je retenais ma respiration à la limité de l'asphyxie. J'étais jeune et tout mon corps se battait pour rester en vie.
Puis soudain, le bruit affreux du moteur s'arrêta et je pu émerger comme un bouchon à la surface. J'avais bien calculé mon coup et surtout j'avais eu beaucoup de chance.
Nicole au pied du Pont d'Iéna |
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