L'accident du Pont d'Iéna - partie 3

J'ai nagé comme un chien, gênée par mes vêtements qui avaient pris l'eau, jusqu'au pilier le plus proche qui était celui du Pont d'Iéna. Là, avec mon pied, j'ai trouvé un rebord large de 40 cm qui faisait le tour du pilier.

je me suis hissé péniblement dessus et là, je me suis plaquée contre la pierre rassurante que je n'aurai pas lâché pour tout l'or du monde. J'ai commencé à regarder autour de moi, mais je ne vis pas Renaud. Raymond était venu me rejoindre, le photographe avait été repêché plus loin par le pousseur qui nous était rentré dedans, mais pas Renaud. Je me disais que ce n'était pas possible, il devait être sur l'autre berge, il était jeune, sportif, il avait dû s'en sortir.

Nous devions notre salut à une femme snobinarde qui promenait son chien, un danois, en restant dans sa Mercedes et en le faisant courir à côté. C'est elle qui a appelé les secours et dit au pilote du convoi de stopper. Sans le savoir c'est elle qui m'a sauvé.

Un étudiant qui se trouvait là a pris des photos et les a ensuite vendues à l'agence de France Presse.

Je n'avais plus le temps de penser à qui que se soit, car il fallait que je me remette à l'eau pour aller prendre la perche que me tendait le capitaine d'un bateau mouche. D'ailleurs ce capitaine croyait que je m'étais jetée du pont pour me suicider. Quand je fus enfin sur le bateau, il fit une erreur, il me donna sa veste sèche pour que je l'enfile dans sa cabine. Là, je me suis mise à trembler de tout mes membres sans pouvoir m'arrêter. Il aurait dû me laisser dans mon jus car mes vêtements avaient pris la chaleur de mon corps. Maintenant j'avais le caban du capitaine sur le dos, un pompier super photogénique à mes cotés. On aurait dit qu'ils l'avaient choisi exprès. mais, tout cela ne m'empêchait pas de pleuruer à grosses larmes de peur de ne plus voir Renaud. je pressentais que quelque chose de grave lui était arrivé.

les images firent la Une de tous les journaux, le lendemain.

Nicole aux bras du pompier

Nicole et le pompier